Coupe du monde de rugby 2003. L’Australie vit à l’heure du ballon ovale, les Bleus viennent d’étriller l’Irlande en quart de finale (43-21), et dans les couloirs du stade de Melbourne, la zone mixte frémit. C’est le moment où les journalistes, armés de micros et de questions souvent pas très fraîches, s’attaquent aux joueurs épuisés. Mais ce jour-là, Frédéric Michalak a décidé que c’était lui qui allait les piéger.
Une interview transformée en sketch télé
À peine sorti du terrain, Michalak est sollicité par une journaliste anglophone visiblement décidée à obtenir une réaction « à chaud ». Problème : notre demi d’ouverture n’a visiblement ni l’envie ni l’énergie pour jouer au jeu de l’interview en anglais. Et là, au lieu de bafouiller une réponse approximative ou de botter en touche, Michalak se tourne vers l’interprète de l’équipe, Andrew Knox, et balance :
« Bon bah si tu veux, tu te démerdes, tu réponds ce que tu as envie. Moi, je sais vraiment pas quoi dire. »
Voilà. Simple. Limpide. Génial. Le traducteur, pris de court, reste une seconde interdit, puis brode une réponse très sérieuse sur la performance collective, la bonne entame de match, le tout avec le calme olympien. L’air de rien, Michalak vient d’inventer le ghostwriting sportif, version express.
Crédits : RugbyPass France | Frédéric Michalak, Andrew Knox
Une séquence culte avant l’heure
À l’époque, les réseaux sociaux n’existaient pas vraiment, mais cette perle audiovisuelle a survécu. Tel un bon vin de Bordeaux , la scène refait surface régulièrement sur les chaînes et plateformes dès que l’on évoque les pépites d’interviews sportives.
Ce moment, c’est un mélange parfait de second degré, de complicité avec le staff et de flemme assumée. En gros, Michalak fait du Michalak : détendu, malin, imprévisible. Et comme souvent, il marque… mais pas là où on l’attendait.
Bon bah si tu veux, tu te démerdes, tu réponds ce que tu as envie. Moi, je sais vraiment pas quoi dire.
Bonus : ce qu’il s’est passé après
Ce quart de finale marquait l’un des sommets de la carrière de Michalak, alors tout juste 21 ans. Titulaire indiscutable, il enchaîne les perfs dans cette Coupe du monde… avant de tomber sur un os nommé Angleterre en demi-finale. Et même si les Bleus sont éliminés, le jeune Toulousain rentre au pays avec une nouvelle casquette : celle d’icône des interviews.
Et Andrew Knox, le fameux traducteur ? Il restera dans la légende des zones mixtes malgré lui, propulsé à la postérité sans avoir jamais touché un ballon.
Crédits : RugbyPass France | Frédéric Michalak, Andrew Knox | World Rugby
Quand vous ne savez pas quoi répondre à une question, faites comme Michalak : filez le bébé à votre traducteur, et souriez à la caméra. C’est peut-être comme ça qu’on entre dans l’histoire.
