Quand Christophe Urios est désabusé, inutile de lui parler GPS, statistiques ou analyse vidéo : l’homme préfère largement la méthode à l’ancienne. Après la lourde défaite de son UBB face à Lyon, le coach bordelais était remonté comme un coucou.
Un duel qui sentait la poudre
Sur le papier, tous les ingrédients étaient réunis : entre le leader 2019-2020 et son dauphin, on attendait un vrai choc. À la place, on a eu droit à une absence totale de Bordeaux… du moins en première mi-temps. « On a fait un match universitaire », lâchera Urios après coup, la mâchoire serrée et les nerfs à vif. À la pause, ses joueurs pointaient à 0, pendant que Lyon empilait 19 unités sans forcer, grâce notamment à un essai de Fainga’a après une jolie offrande au pied de Berdeu.
La réaction tardive de l’UBB en seconde période n’a pas suffi à inverser la tendance, Ivaldi scellant l’affaire à la sirène. Et Urios, fidèle à lui-même, n’a pas mâché ses mots. « Ça fait dix jours qu’on prépare ce match… tout ça pour ça », a-t-il balancé, dégoûté comme un chef qui a cramé son plat signature.
Crédits : AFP, UBB, Canal+, L’Equipe, RMC Sport | Christophe Urios
Les bourdes, et les boules XXL
Connu pour assumer, Urios n’a pas fui ses responsabilités : mauvaise compo, mauvais choix devant, mauvais karma ? Un peu de tout. « Je me suis trompé. J’ai pas l’habitude de me tromper deux fois », a-t-il concédé, avant de prévenir : certains risquent de passer fissa du terrain aux tribunes. Ambiance.
Même son de cloche chez Matthieu Jalibert, visiblement aussi inspiré que son coach : « On s’est menti. » Une phrase qui résonne comme un aveu d’échec collectif dans un vestiaire qui risque de sentir la sueur froide toute la semaine.
Et inutile d’espérer une semaine d’analyse vidéo millimétrée. Pour préparer le prochain match contre Clermont, Urios l’annonce, il sortira sa méthode préférée : le ressenti à l’ancienne .
« Là je vais pas mettre de GPS » avant de rajouter « Là j’ai un peu les boules, demain j’aurais encore un peu les boules et après-demain j’aurais encore un peu plus les boules… »
« Là, je ne vais pas mettre de GPS, je m’en fous de tout ça. Je vais faire un peu à l’ancienne, un peu comme je le ressens. Parce que parfois on a un peu tendance à enculer les mouches. Attention ici ceci attention à là, on mesure ceci on mesure là… Pour faire la merde qu’on a fait ce matin sans déconner. »
Urios : figure des punchlines du rugby français
Car Urios, c’est aussi un style. Pas du genre à faire dans la dentelle, l’ancien talonneur reconverti en coach est devenu une véritable marque de fabrique du rugby français. À Oyonnax, Castres, puis Bordeaux, il a laissé sa trace à coups de gueulantes mémorables et de conférences de presse mythiques. On se souvient par exemple de son fameux « Je ne suis pas là pour torcher les joueurs ! » ou encore son avertissement cinglant après une défaite : « Ceux qui ne veulent pas s’envoyer, ils n’ont qu’à aller jouer au curling ! » Avec lui, pas de langue de bois, pas de faux-semblants : les mots sont crus, mais toujours au service du collectif. Et si parfois ses colères tonitruantes font froncer quelques sourcils, elles traduisent surtout une exigence et une passion débordantes pour ce sport qu’il chérit autant qu’il bouscule.
Crédits : France TV Sport | Patrick Montel
Bref, avec Mister Urios, pas besoin de boussole ni de statistiques avancées : quand il faut remettre tout le monde dans le droit chemin, il connaît son métier… et elle passe souvent par un gros coup de gueule.
Crédits : AFP, UBB, Canal+, L’Equipe, RMC Sport | Christophe Urios
