Mondial 2010, Turquie. L’équipe de France de basket vit un été de transition…Privée de ses cadres habituels (Tony Parker, Joakim Noah et Ronny Turiaf entre autres), la sélection emmenée par Vincent Collet débarque à Istanbul avec des ambitions modestes mais un minimum d’orgueil tricolore à défendre.
Le groupe ? Un mélange de jeunes peu expérimentés, de soldats fidèles comme Boris Diaw, et de quelques surprises. Bref, pas exactement la sélection idéale sur le papier.
La déroute Lituanienne
Après trois belles victoires en début de tournoi, les Bleus baissent la tête, renversés par le camion balte qu’ils ont aidé à démarrer. Après un début de match parfait qui les verra compter 15 points d’avance, les français manquent cruellement d’expérience et s’inclinent finalement (69-55) face à Lituanie.
Un revers qui complique la tâche dans leur quête d’accession aux huitièmes de finale. Le match est à oublier pour tout le monde, mais pas pour Vincent Collet. Mais le vestiaire d’après-match, lui, restera dans l’histoire.
Crédits : NC | Vincent Collet
Collet explose… calmement
Dans une séquence captée par les caméras de France Télévisions, on découvre un Vincent Collet en version débrief pas content. Les mots fusent. Les regards se baissent. Et là, la phrase tombe, cinglante, inoubliable, mais surtout inattendue :
« J’avais oublié qu’il faut tout vous dire ! »
Dans cette tirade à mi-chemin entre la désillusion et l’appel au réveil collectif, Collet balance tout : le manque de repli défensif, les erreurs de lecture de jeu, et surtout, l’absence totale d’intensité. Ce n’est plus un discours, c’est une masterclass de recadrage à la Collet. Sans hurler. Sans jeter de bouteilles. Juste avec des mots. Et quelques regards qui tuent.
Je m’exuse … Je m’en excuse …
J’avais oublié ! Qu’il faut tout vous dire ! Comme si vous jouiez au basket depuis ce matin !
Turquie 2010 : courte histoire, longue leçon
L’aventure s’arrête au tour suivant, en huitièmes de finale. Face à la Turquie, à domicile, portée par 15 000 supporters en fusion et un Hedo Türkoğlu en état de grâce, la France est dépassée. Le score est sans appel : 95-77. Rideau. Terminé, bonsoir.
Mais dans les vestiaires turcs, quelque chose a changé. Le groupe, malgré ses limites, a goûté à la frustration du gâchis. Et le staff, Collet en tête, a mesuré combien chaque détail, chaque effort défensif, chaque possession compte à ce niveau.
Crédits : AFP/FRANCK FIFE
Et après ? La revanche des Bleus
Parce qu’un bon coup de gueule, parfois, ça plante une graine. Et cette graine, en l’occurrence, donnera quelques années plus tard un sacre historique à l’Euro 2013. Collet, fidèle au poste, mènera la génération Parker–Diaw–Batum jusqu’à l’or continental, avec la fierté d’avoir bâti un collectif solide, exigeant, et plus expérimenté.
Depuis, Vincent Collet a empilé les campagnes à la tête des Bleus, devenant l’un des sélectionneurs les plus respectés du basket européen.
Il y a eu d’autres coups de gueule, bien sûr. Parce qu’après tout, dans le basket comme dans la vie, parfois, il faut tout dire.
