Le soir où Germain Castano a retourné Orléans… et Bourg-en-Bresse. Orléans, printemps 2022. À la pause, l’OLB n’a plus grand-chose d’une équipe : 30 points dans la vue, des épaules basses et un Palais des Sports qui soupire. Puis vient la mi-temps, un vestiaire, des mots qui piquent — et une seconde période qui bascule dans la légende. Au buzzer, Orléans l’emporte. Oui, Orléans l’emporte
Trente points de retard, zéro alibi
24e journée en retard de Betclic Élite. Sur le parquet, la JL Bourg-en-Bresse déroule, l’Orléans Loiret Basket se délite. Peu avant la mi-temps, l’écart grimpe jusqu’à –32 (57-25) et on tutoie le naufrage. Le Palais fait ce que font les vrais publics : il gronde mais il reste. À 20 minutes de la fin, personne ne parierait son dernier « Macaron aux fruits » sur un retour. Et pourtant…
Dans le vestiaire, Germain Castano ne propose ni PowerPoint ni violons. Il secoue. On connaît la séquence depuis — la franchise de Castano comme méthode, l’ironie du décalage de son traducteur — mais on devine l’exigence : « Vous êtes en mission là ? » C’est moins une question qu’une sommation. Le message, lui, tient en quatre mots : fierté, défense, collectif, maintenant. Les joueurs ressortent… autres.
Sur cette séquence on se délectera autant des punchlines affutées “Vous jouez comme des mecs dépressifs !” que de la traduction qui en est faite “If you are in trouble in your head stay on the bench !”
« Est-ce que vous êtes sérieux ? (Are you serious ?)
« Vous jouez comme des mecs dépressifs ! »
Crédits : Orléans Loiret Basket, LNB | Germain Castano. (Vidéo : Facebook LNB)
Crédits : France TV Sport | Patrick Montel
La reprise : changer la défense, changer la vie
Orléans resserre les écrous, change ses couvertures, transforme les attaques bressanes en tirs contrariés et relance enfin le tempo. La remontée n’est pas un sprint à la Usain B, c’est une étreinte contrôlée : 31-10 dans le 3e quart, 26-15 dans le 4e. L’OLB revient, puis revient encore, jusqu’à ce que Bourg titube et doute à son tour. Le Palais, lui, s’allume. À la fin, on n’entend plus les chaussures glisser sur le parquet ni le tintement de la balle orange ; on entend la ville avec toute l’incandescence qu’elle a à offrir…
Castano, après coup, le dira sans emphase : « C’est juste incroyable… je n’ai jamais vécu ça ». Dix-neuf ans de métier et, ce soir-là, une première — la vraie définition d’un « match de carrière »… pour un coach.
« Vous êtes en mission là ? «
« … ils jouent en sifflant les mecs ! «
Le money-time : Terry, la main avant la sirène
Dernières secondes. Egalité presque, sueur partout. Emanuel Terry bondit sur un rebond, glisse la balle avant que la sirène ne crache sa sentence ; les arbitres vont à la vidéo, confirment : panier valable. 84-82, Orléans passe devant au buzzer. Dans la foulée, Terry met aussi un contre précieux sur Norris Cole. Deux gestes, une délivrance, un Palais qui s’effondre de joie. Côté micro, Castano l’avoue : il « voyait Terry toucher la balle bien avant que ça sonne ». Cette fois, la chance ne file pas par la porte.
Le plus beau ? La scène est documentée : résumé officiel, images qui tournent encore dans les veines des supporters. Une remontada du dimanche soir devenue archive nationale pour la petite bibliothèque des comebacks. Voici le lien YouTube pour les curieux.
Crédits : Orléans Loiret Basket, LNB, La république du centre © Christelle Gaujard | Germain Castano.
Le vestiaire, ce théâtre
On dit qu’un public peut gagner un match ; ce soir-là, c’est aussi un vestiaire qui a tout renversé. À la mi-temps, Germain Castano n’a pas sorti la poésie : il a sorti les vérités. Arrêter “la grande vadrouille”, durcir la défense, remettre un peu d’âme dans le jeu. Et surtout, remettre les têtes à l’endroit. Il avouera plus tard avoir eu “envie de les insulter”… avant de ne retenir que la seconde mi-temps, celle du pardon et de la renaissance.
Et puis, il y a ce bijou de décalage capté par les caméras du club et diffusé par la LNB : On y voit un Castano en fusion versus un traducteur tout en calme — un duo digne d’un sketch d’Audiard. L’un crie, l’autre tempère, mais tout le monde comprend l’essentiel : il faut se réveiller !
Une victoire qui dépasse le score
Cette saison là… → Sportivement, Orléans s’offre un bol d’air dans la lutte pour le maintien. Mais surtout, l’équipe retrouve son reflet : celui d’un groupe capable de se relever, même mené de trente points ! Cette nuit-là, l’OLB n’a pas seulement gagné un match — il a gagné du sens.
Germain Castano le résume mieux que personne : “Enfin, un scénario qui nous rend dingues — qu’on est allés chercher. Le vrai mérite, c’est les joueurs.” Une phrase simple, humaine, qui dit tout : dans cette salle en feu, l’Orléans Loiret Basket s’est retrouvé. Ensemble.
