Berlin, 9 juillet 2006. Une finale de Coupe du Monde. France – Italie. Un titre à la clé. Et au milieu de tout ça, un crâne légendaire qui va écrire l’une des pages les plus invraisemblables de l’histoire du football… avec son front.
Le dernier match de Zidane, version Tarantino
Pour son dernier match en carrière, Zinédine Zidane n’avait pas prévu un simple adieu en mode standing ovation. Non. Il a préféré écrire son épilogue à coups de panenka, de classe mondiale… puis de crâne dans le plexus de Marco Materazzi. Le tout devant 715 millions de téléspectateurs. Quentin Tarantino n’aurait pas mieux scénarisé.
Dès la 7ᵉ minute, Zizou transforme un penalty d’une panenka aussi culottée que millimétrée. La France mène, la planète foot applaudit. Mais l’Italie réagit vite : égalisation de Materazzi à la 19ᵉ, sur corner. 1-1. Et tout le monde se dit qu’on va vivre un grand match. Personne ne devine encore qu’on va surtout vivre un grand moment de sidération.
Crédits : TF1, FIFA, FFF | Thierry Gilardi, Jean-Michel Larqué
Crédits : France TV Sport | Patrick Montel
Un match serré… et une tension qui monte
Prolongation. Zidane est encore là, toujours le meilleur sur le terrain. Buffon sort une tête monstrueuse du Marseillais à la 104ᵉ. Et puis… la 110ᵉ minute.
Un échange verbal avec Materazzi. Une insulte de trop. Et là, Zizou, les yeux injectés de rage, se retourne… et BAM. Un coup de boule digne d’un bon vieux match de district.Materazzi s’écroule. Le meneur des Bleus est exclu, passant à côté du Trophée pour rejoindre les vestiaires.
« Pas ça Zinedine… Pas aujourd’hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait… »
Pas ça Zinédine, pas maintenant...
Et là, Thierry Gilardi entre dans la légende des commentaires télé. Une voix tremblante, des mots simples mais puissants :
“Ouuhhhh Zinédine, ohhh Zinédine, pas ça Zinédine, pas ça Zinédine…Pas ça… Oh non pas ça, pas aujourd’hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait ! Aïe, Aïe, Aïe…”
Tout est dit. La tristesse d’un pays entier dans une seule phrase. Si simple, si efficace. Avec son leader exclu, la France tient bon jusqu’aux tirs au but. Mais l’absence du Maestro se fait sentir. Trezeguet envoie son tir sur la barre, l’Italie ne tremble pas. 5-3, les Bleus ne seront pas Champion du Monde une seconde fois. En tout cas, pas dès ce soir là.
Crédits : TF1, FIFA, FFF, Getty Image, Panoramic | Thierry Gilardi, Jean-Michel Larqué
Une trace indélébile dans l’histoire
Depuis, le coup de tête est devenu une icône. Débattu, analysé, même sculpté. Une œuvre de cinq mètres de haut trône quelque part au Qatar, immortalisant le moment où un des plus grands joueurs de l’histoire a transformé une finale de Coupe du Monde en épisode de “Confessions Intimes”.
Zizou, c’est le génie du football, la grâce sur un terrain, mais aussi un homme, avec ses failles, ses colères, et parfois, ses uppercuts frontaux. Son geste restera comme une énorme tâche dans son palmarès, mais fera aussi partie de son histoire.
Pas sans toi ... Thierry !
Il était la voix grave et vibrante de nos soirées bleues, celle qui faisait frissonner les dimanches de Ligue 1 et battre plus fort les cœurs en Coupe du Monde. Thierry Gilardi, c’était bien plus qu’un commentateur : c’était un passeur d’émotions. En 2006, face à l’Espagne, c’est un « Vas-y mon petit ! » plein de tendresse et de ferveur qu’il adresse à un jeune Franck Ribéry en route vers son tout premier but en Bleu. Puis en finale, alors que le monde retient son souffle après le coup de boule de Zidane, lui ne commente pas, il vit. Il s’effondre à l’antenne comme nous tous : « Oh Zinédine, pas ça… » En une phrase, il grave l’instant dans la mémoire collective. Disparu trop tôt en 2008, il laisse un vide et une empreinte. Dans l’histoire du sport français, dans les micros, et dans les cœurs.
